ÔDE AU VELO


Avoir un beau vélo. Un qu’on aime bien. Un confortable. Selle royale. Guidon moumousse. Vitesses faciles. Lui dire gentil « On va aller se promener tous les deux. Prépare toi » S’habiller cool. Froc avachi. Poches trouées. Panards à l’air. Dehors. Faire beau. Prendre à l’envers rue Saint Lambert. Et dans le vent la rue Saint Jean. Ca pédale bien. Sans les mains. Allée des trams. Jusqu’au canal. Suivre l’eau. C’est beau. Moelleux. Encore un peu. Faire la danseuse. Transpirer. Avoir soif. Poser le pied. Le vélo au poteau. Antivol. Supermarché. Rayon frais. Fanta orange pour moi cher ange. A la caissière un mot pour rire « je sais que c’est la caisse pour les femmes enceintes mais la mienne attend son quatrième » Ca dépend comment c’est dit. Sortir en nage. Boire au goulot. Tête renversée. Dire à part soi « Ca fait du bien de boire un c… » S’interrompre car on vient de voir l’antivol force sept tranché net qui pendouille comme un con au poteau devant des gens qui passent et s’en foutent. S’énerver. Se calmer. Rentrer à pied. Au plus pressé. Rue Sainte Catherine. Place Stanislas. L’humeur se gâte. Le ciel aussi. Nuages. Orage. Pleuvoir. Rincé. Serrer les poings dans ses poches mouillées. Mon beau vélo aussi devenait idéal.