J’avais un pote au village. Les jours de grand vent, il devait enfiler un costume de cerf-volant que son père lui avait confectionné et grimper sur un tabouret dans le jardin. Il devait ensuite se tenir debout, les bras écartés, face au vent tout comme s’il était un cerf-volant paré à décoller. C’était son père qui voulait. Son père, il tenait les ficelles et l’encourageait à s’envoler dans les airs. « Vole mon joli Cerf-Volant ! » La raison c’était qu’il n’avait pas eu de cerf-volant quand il était petit, son père. Je me planquais dans les fourrés pour observer la scène. À part le vent dans leurs cheveux, c’état plutôt statique. Le père semblait rêver à tout ce qu’il avait raté quand il était gosse. Dans sa tête, ça devait donner des phrases du genre « on ne peut pas revenir en arrière » ou « on ne refait pas le passé »… etc. La séance durait aussi longtemps que le père ressassait. Pendant ce temps là, mon pote sur son perchoir pensait qu’il était en train de rater un épisode de Rintintin.
Je le croise parfois mon pote en ville les jours de grand vent. On s’arrête pour évoquer de ce bon vieux temps. On rigole. Puis il continue sa promenade en tirant sur la laisse de son vieux père et lui crie joyeusement :«Allez viens Rintintin!»
Je le croise parfois mon pote en ville les jours de grand vent. On s’arrête pour évoquer de ce bon vieux temps. On rigole. Puis il continue sa promenade en tirant sur la laisse de son vieux père et lui crie joyeusement :«Allez viens Rintintin!»